l’abbaye de la lucerne

Un ensemble exceptionnel fondé au XIIème siècle.


l’abbaye dans le temps…

Trois périodes de restaurations

Construite dans la seconde moitié du XIIe siècle, l’abbaye fut restaurée au XVème et au XVIIème siècle.

Dans un site ombragé et pittoresque s’élèvent les constructions romanes, d’esprit cistercien par leur sobriété et leur rigueur. L’ensemble est dominé par une tour anglo-normande qui déjà annonce l’architecture gothique.

Nichée au creux de la vallée du Thar depuis le XIIe siècle, l’abbaye de La Lucerne, bénéficie depuis 60 ans d’une sauvegarde et d’un travail de restauration remarquables.

Cet ensemble architectural frappe par l’intimité et la force de son histoire menée par des hommes passionnés. L’émotion naît de l’absolu dépouillement de l’architecture prémontrée, de sa grande luminosité et de l’authenticité préservée de son environnement.

Un des rares exemples aussi complet en France

Découvrez l’abbaye et ses dépendances

Visitez une des plus anciennes abbayes prémontrées normandes dont les portes s’ouvrent sur un ensemble exceptionnel : l’abbatiale, la tour anglo-normande qui annonce le style gothique, le cloître et le lavabo roman, le réfectoire, la boulangerie, la salle des hôtes, le colombier et le logis abbatial.

À l’architecture, il faut ajouter un environnement pittoresque, la forêt et le parc verdoyant où subsistent les vestiges d’un aqueduc.

Vendue comme bien national à la Révolution, l’abbaye fut transformée en filature de coton puis en scierie de pierre. Les deux entreprises périclitèrent entraînant la ruine des bâtiments.

monuments historiques

En 1928, La Lucerne est enfin classée au titre des Monuments historiques

Depuis 1959, l’Abbaye de La Lucerne est en restauration. Sous l’égide de l’Abbé Marcel Lelégard (1925-1994), la Fondation Abbaye de La Lucerne d’Outremer poursuit la reconstruction de l’ensemble monastique médiéval.

L’abbatiale romane avec son portail occidental, le lavabo roman unique en Normandie, les celliers voûtés d’arêtes, le réfectoire surmonté d’une charpente en carène de bateau renversée en chêne lambrissé, la porterie avec l’ancienne salle de justice et la boulangerie, la salle des Hôtes, la grange à dîmes et le colombier, permettent aux visiteurs d’appréhender le complexe monastique médiéval de La Lucerne. Il faut compléter cette visite par l’étendue du site jusqu’à l’orée de la forêt, avec la porte orientale et le logis abbatial datant de la fin du XVIIe – début du XVIIIe siècle.

Avec la tour carrée de style anglo-normand et la verrière monumentale du chevet plat, l’architecture sobre de l’abbatiale est caractéristique de l’ordre de Prémontré. Sa première construction date de la deuxième moitié du XIIème siècle. A la suite des destructions pendant la guerre de Cent Ans, des assauts pendant les guerres de Religions puis du changement de destination après la Révolution française l’abbatiale se relève pour la troisième fois de son histoire sous l’impulsion de l’Abbé Marcel Lelégard (1925-1994) et de Pascal Thomas, maçon passionné qui œuvre depuis plus de 30 ans à sa restauration.

La façade occidentale, dominée par une croix ancrée anté-fixe, a été construite en 1178 puis restaurée au XVème siècle après la guerre de Cents Ans.

Aujourd’hui, l’église a retrouvé un mobilier important dont les stalles du XVe siècle et un lutrin au pélican du XVIIIe siècle.

Egalement, l’abbatiale abrite 5 gisants dont ceux de deux évêques d’Avranches, Richard de Subligny et le bienheureux Achard, et  ceux des deux fondateurs Hasculph de Subligny et Guillaume de Saint-Jean mis au jour lors des fouilles archéologiques menées par Monsieur et Madame Ducoeur en 1990.

En 1959, seuls le transept et le chœur dominés par le clocher pouvaient abriter l’office. Depuis, plusieurs chantiers ont rendus à l’abbatiale sont architecture originelle et les offices religieux continuent d’être célébrés selon les vœux de l’Abbé Lelégard.

Le premier orgue de l’abbaye de La Lucerne, situé au revers de la façade occidentale de l’abbatiale, fut probablement détruit avec les cloches ou vendu lors de la Révolution française.

En 1973, avec l’aide de Michel Chapuis, membre de la 5e section (orgues) de la commission supérieure des Monuments historiques, l’abbé Marcel Lelégard achète l’orgue actuel de La Lucerne et entreprend sa restauration.

Relevage de l’orgue en 2020…

Les coulées sur place

Le clocher de l’église abbatiale, achevé vers 1206, devait porter au moins une cloche pour rythmer les heures canoniales des religieux. Au Moyen Age, les cloches des églises étaient coulées sur place, dans le bas de l’église ou à l’extérieur de celle-ci par des artisans fondeurs itinérants. Ce n’est que vers le milieu du XIXe siècle, grâce à l’amélioration des transports, que les cloches sont fondues en atelier.

La coulée de 1317

En 1317, l’abbé Robert Jean (1290-1326) fait fondre une grosse cloche, la Notre-Dame. Pour la monter dans le clocher, il met en place l’oculus dans le carré du transept.

La coulée de 1535

En mai 1532, le roi François 1er visite la Normandie et s’arrête à l’abbaye de La Lucerne dont l’abbé commendataire est François de la Guiche (1530-1548). L’accueil du roi est si fort sonné par les religieux que la Notre-Dame est fêlée. Le 4 août 1535, frère Jean de Pirou, prieur claustral, fait refondre la Notre-Dame.

La coulée de 1679

En 1679, la cloche de l’abbaye est refondue en « de nombreuses petites cloches ». A la Révolution, elles sont envoyées à la fonderie de Villedieu-les-Poêles pour être transformées en canons.

La coulée de 1969

Après dix années de restauration des vestiges de l’abbaye, l’abbé LeIégard pense à garnir le clocher de nouvelles cloches. La fabrication des cloches est confiée à la fonderie Cornille-Havard à Villedieu-Ies-Poêles.

Construit à partir de 1719, il était recouvert d’un enduit. Seules les pierres en granit bleu de Carolles étaient apparentes.

En même temps que le logis abbatial, deux annexes furent construites : l’écurie au nord et l’orangerie au sud. La pièce d’eau ornementale fut mise en place au même moment.

Au XIXe siècle, le logis est agrandi par la famille Dubufe de deux pavillons carrés jouxtant la demeure au nord et au sud.

Le colombier de La Lucerne est une tour ronde flanquée de quatre contreforts aux points cardinaux et couronnée d’une voûte à oculus central. Pour éviter les prédateurs tels que les petits rapaces (faucons, éperviers, buses…) et les intempéries, cette coupole était couverte par un toit conique dont la ferme maintenait la poutre d’axe, support de l’échelle tournante. Les pigeons sortaient par la toiture (lanternon ou espace entre la toiture et la coupole) ou, plus tardivement, par la petite fenêtre percée ultérieurement au-dessus de la grande porte. Cette porte en granit bleu provient probablement du cloître de l’abbaye et a été mise en place lorsque le colombier servit d’étable au XIXe s.

L’excavation du sol permettait de récolter la colombine utilisée comme engrais.

Emblème des droits féodaux de La Lucerne, le colombier possède entre 1.500 et 1.700 trous de boulins pouvant héberger jusqu’à 3.000 pigeons. Les niches en forme de « L » abritaient la femelle qui couvait au fond et le mâle. Un couple de pigeons pouvait se nourrir sur 2,5 vergées, soit ½ hectare ce qui correspond à 750 hectares environ de terres cultivables.

Pendant la Libération, lors des bombardements des éclats d’obus détruisirent la toiture et ébréchèrent la tour vers le Nord-Est. La coupole s’est alors en partie effondrée. Elle a été restaurée par l’abbé Lelégard en 1970.

Pascal Thomas a restauré entièrement le colombier de 2006 à 2012…

La porte Ouest ou porte de la Trinité, ainsi mentionnée dans un acte de 1659, est l’accès principal à l’abbaye. Le bâtiment date du XIIe siècle mais a été très restauré au XVe siècle. De nos jours, elle comprend au sud une ancienne boulangerie restaurée, puis l’ancienne pitancerie, un passage piétonnier, une porte cochère, la salle d’accueil et boutique à l’emplacement de l’ancienne aumônerie qui s’étendait bien au-delà vers le nord avant la reconstruction au XVe siècle. A l’Ouest, les trois contreforts soutiennent un auvent où les pauvres pouvaient s’abriter trois fois par semaine pour recevoir le pain de l’aumône. Dans la pitancerie, la petite fenêtre méridionale date probablement du XIIe siècle, rappelant les fenêtres de style meurtrière du cellier.

La porte cochère en arc surbaissée chanfreiné, comme le passage piétonnier, est surmontée à l’Ouest d’un arc de décharge en tiers-point.

Le passage est couvert d’un plancher normand constitué de poutres et de solives supportant des boudins d’argiles et de foins enroulés.

A l’étage, ce que nous appelons de nos jours les salles de justice se divisent sur deux niveaux et sont aujourd’hui séparées par un mur garni de deux cheminées. A l’origine, cette salle, qui était l’antichambre du chanoine secrétaire, devait être d’un seul tenant, comme l’actuelle salle de l’abbaye de Blanchelande (porte Saint-Nicolas), les salles de justice proprement dites étant au-dessus du rez-de-chaussée de l’aumônerie, où se trouvent aujourd’hui les bureaux de la Fondation.

L’aile orientale réservée aux chanoines est encore presque entièrement ruinée. C’est dans ce bâtiment que fut installée la filature de coton au début du XIXe siècle. Il ne reste aujourd’hui que la double entrée du chapitre ou salle capitulaire.

A l’ouest, l’entrée est en anse de panier, adaptée au dernier cloître de l’abbaye. A l’est, correspondant à l’intérieur de la salle, les arcades sont restées en arc brisé. Cette salle à double nef de quatre travées était à chevet plat et voûtée d’arêtes. Les chanoines s’y réunissaient quotidiennement pour lire des chapitres de la règle (d’où son nom) mais aussi pour tenir leurs assemblées (élection de l’abbé, délibérations importantes concernant l’abbaye, confession des fautes…). Les frères convers n’avaient pas voix au chapitre, d’où l’expression. Ils prenaient place dans le cloître pour être informés des décisions : c’est pour cette raison qu’il n’y avait pas de porte.

Il est le seul qui était encore debout en 1954. Primitivement, ce bâtiment abritait les frères convers : le réfectoire des hôtes voûté d’arêtes au rez-de-chaussée et le dortoir à l’étage couvert d’une charpente à chevrons formant ferme.

Après la disparition massive des convers suite à la Peste Noire du XIVe s., le bâtiment fut utilisé comme grange. Au XVIIe s. il fut réaménagé avec la création d’un étage intermédiaire marqué par huit grandes fenêtres. Les voûtes du réfectoire furent alors supprimées et la charpente du XVe s. modifiée. Deux couloirs à l’Est permettaient de desservir 5 pièces au premier étage pour accueillir les seigneurs de passage ou les visiteurs de l’ordre puis 9 cellules sous combles pour les novices et domestiques.

Le réfectoire, détruit aux trois quarts, a été remonté de 1989 à 1995 avec le soutien des Monuments historiques. Seules les deux premières fenêtres subsistaient.

Suivant le même profil qu’au Mont-Saint-Michel mais dans un esprit plus roman, le réfectoire est une succession de fenêtres identiques au nord comme au sud. Au nord, ces fenêtres sont murées aux deux tiers, en renfoncement, afin d’asseoir le toit de la galerie du cloître à l’extérieur.

À l’époque médiévale, la pièce était meublée de tables, de bancs et de coffres. Les logettes situées au bas des fenêtres servaient au rangement des couverts et des assiettes. À l’extrémité est, une corde reliée à une petite cloche permettait d’appeler les chanoines pour le repas.

Au sud, dans l’ébrasement de deux fenêtres est incluse la chaire du frère lecteur de même modénature que les

fenêtres. La charpente en coque de bateau renversée a été restaurée suivant le modèle de la charpente du XVe siècle,

conservée dans le bâtiment conventuel ouest. Cent dix mètres cubes de chêne ont été nécessaires à sa réalisation! Au XVIIe siècle, l’extrémité ouest du réfectoire a été séparée par un mur afin d’aménager un escalier d’honneur pour desservir les chambres des 1er et 2e étages et sous combles, les cellules des novices et domestiques. Cet escalier a masqué le symbole de la Sainte-Trinité représentée par deux vitraux surmontés d’un oculus.

Adossé contre le mur est, un buffet à deux corps en chêne, daté de 1759, provient de l’abbaye. Il a été restauré et mis en place en 1999.

Les celliers sont à demi enterrés, ce qui offre deux avantages : le bâtiment est naturellement stabilisé, la terre jouant le rôle de contrefort, et la température est relativement constante, été comme hiver.

Cette salle basse à deux nefs est voûtée d’arêtes et aérée par des petites fenêtres jumelées, de style
« meurtrières ». Le sol est resté en terre battue. La nourriture était conservée dans des jarres ou dans les niches comprises dans l’épaisseur du mur. Les celliers ont été restaurés à partir de la 4e travée, vers l’est, de 1989 à 1993.

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